Quelles sont les origines du cercueil ?

Cercueil historique

La mort fait partie de la vie. De tout temps, les sociétés humaines ont dû composer avec elle. Et elles ont dressé le même constat : il est nécessaire de tenir à distance le monde des morts de celui des vivants. Cette mise à distance peut résulter d’une conservation du corps du défunt (par la momification par exemple) ou par sa disparition (par le biais de l’inhumation ou de la crémation). À chaque société et chaque époque, sa manière d’appréhender la mort. À chacune ses rites funéraires et ses croyances.

Le cercueil n’est pas une invention récente. Déjà utilisé à l’antiquité, il s’est généralisé à partir du XIXe siècle en France. Mais, quelle est l’histoire du cercueil ? Pourquoi est-il devenu obligatoire ? Plongez-vous dans les origines et la symbolique de cet objet qui nous en dit beaucoup sur notre rapport à la mort au fil des siècles.

Les origines du cercueil

Le mot « cercueil »

Le mot cercueil vient du latin « sarkophagos », qui signifie « qui consume la chair ». Le dictionnaire Larousse le définit comme une longue caisse dans laquelle on dépose le corps des morts avant de l’enterrer.

L’expression « mise en bière » désigne le fait de déposer le corps dans le cercueil. Pourtant, étymologiquement, le mot « bière » vient du vieux francique « bera » et fait référence au brancard, à la civière. En effet, au temps des Francs et de ses fréquentes épidémies, on transportait les morts sur des brancards pour les déposer dans des fosses communes. 

Si vous avez déjà perdu un proche, vous savez que la mise en bière fait partie des étapes qui précèdent l’inhumation ou même la crémation. Symboliquement, les proches peuvent décider de porter le cercueil du défunt jusqu’au lieu de la cérémonie religieuse ou jusqu’au cimetière. 

Naissance

En France, le cercueil est obligatoire pour les inhumations par le préfet de Paris seulement depuis 1801. C’est donc un changement sociétal très récent. Jusqu’alors, les défunts trouvaient le repos dans des linceuls. Qu’est-ce qui a causé ce changement ? Pourquoi est-on passé du linceul au cercueil ? C’est ce que nous allons découvrir dans la suite de cet article. 

L’histoire du cercueil

Antiquité

L’Antiquité couvre une large période : elle s’étend de 3 000 av. J.-C. jusqu’à 476 apr. J.-C. 

Le cercueil existe depuis la Haute Antiquité au Moyen-Orient. Nous avons d’ailleurs vu précédemment que l’étymologie de ce mot nous vient du grec ancien (sarkophagos). 

La symbolique du cercueil et sa fonction varient en fonction de l’influence de la culture et de la religion. On le perçoit alors comme un objet qui permet de conserver plus longtemps le corps humain, ou qui permet de cacher la mort, ou encore, au contraire, qui permet de la mettre en scène

Moyen-Âge

Le Moyen Âge commence au Vème siècle après Jésus-Christ et se termine au XVe siècle. Les archéologues ont retrouvé des cercueils, surtout en occident, à l’époque médiévale, mais il restait le privilège des couches supérieures de la société.

La majorité des personnes étaient enterrées en linceul dans des fosses communes. Cependant, le cercueil devient plus accessible au Moyen Âge grâce à l’invention du clou. Ce dernier permet d’assembler des planches en bois les unes aux autres pour créer un cercueil. 

Révolution industrielle

À partir de 1801, à Paris, l’utilisation du cercueil devient obligatoire, y compris pour les indigents. Vous vous demandez d’où provient cette décision ? 

Depuis le VIe siècle, la coutume voulait que les corps soient ensevelis à l’intérieur des lieux de culte (des églises) ou à proximité immédiate. 

Pour mieux comprendre l’atmosphère qui régnait alors du fait de ces longues années de tradition, nous pouvons nous appuyer sur le témoignage du Chanoine Charles Gabriel Porée (1743, lettre sur les sépultures dans les églises) :

« J’entrais un jour dans votre église, on y respirait une odeur insupportable. Des fosses nouvellement ouvertes et qu’on n’avait point encore refermées exhalaient une vapeur empestée. J’aperçus même, sous un banc, une portion de cadavre que les fossoyeurs y avaient oubliée »

Au XVIIIe siècle, cette tradition se heurte à l’évolution des savoirs médicaux et des sensibilités. La population, partout en Europe, ne supporte plus cette proximité avec les morts, les odeurs et la vue des cadavres. Sans oublier, la crainte des épidémies que cela suscite. 

En 1804, Napoléon passe un décret (23 prairial an 12) qui va s’exporter dans l’Europe entière. L’inhumation ne peut avoir lieu qu’à 35 ou 40 mètres de l’enceinte des villes dans des terrains dédiés. C’est la naissance du cimetière tel qu’on le connaît.

L’utilisation du cercueil se généralise. De nouveaux corps de métiers apparaissent : les entreprises privées de pompes funèbres, mais aussi des médecins chargés de vérifier les décès. 

Le cercueil fait naître la peur d’être enterré vivant. Avec le risque d’épidémies, les enterrements ont lieu toujours plus vite. Et si enterrer un mort avant qu’il n’ait pourri, c’était prendre le risque d’enterrer un vivant ? C’est en tout cas une peur nouvelle dont on retrouve des traces dans les écrits et peintures de l’époque

L’obligation du cercueil, même pour les plus pauvres, entraîne une négociation de tarifs avec les artisans, pour être en mesure de produire des cercueils en masse et pour tous. Dès les années 1830, le cercueil devient un objet industriel. Les matériaux utilisés et les tarifs des cercueils sont variables selon la classe sociale du défunt, mais aussi selon les pays et régions du monde. 

Religion et culture

Égypte antique

Cercueil et sarcophage partagent la même étymologie, Sarkophagos (qui mange de la chair). Mais alors, quelle est la différence entre le cercueil et le sarcophage ? C’est seulement le choix des matériaux utilisés qui permet de les différencier. Quand il s’agit de pierre ou de terre cuite, on parle toujours de sarcophage. 

Ce mot évoque immédiatement, dans les esprits, l’Égypte et ses pharaons. Le sarcophage se définit alors comme un cercueil de pierre dans lequel étaient placés les corps qui n’avaient pas été brûlés.

Dans la langue égyptienne, le mot sarcophage peut se traduire comme « le maître de la vie ». Sa forme représente symboliquement une barque.

Les Égyptiens utilisent le sarcophage pour protéger le corps momifié. Selon eux, pour que l’âme du défunt puisse connaître la vie éternelle, il fallait que son corps soit conservé momifié. Au départ, seuls les pharaons étaient momifiés, mais peu à peu cette pratique s’est ouverte à tous ceux qui en avaient les moyens. 

Les sarcophages égyptiens renferment eux-mêmes plusieurs sarcophages plus petits en pierre puis en bois, emboîtés les uns aux autres.Ils sont ensuite déposés dans des tombeaux (mastabas, pyramide). 

Empire romain

C’est le moment de nous intéresser aux rites funéraires chez les Romains. Les Romains étaient très religieux et les rites permettaient d’accompagner les défunts dans l’au-delà.

Ils étaient plus ou moins importants selon l’importance du défunt dans la société : esclave, plèbe, patriciens ou empereurs. 

Le corps était lavé, parfumé et allongé sur un lit funéraire où ses proches venaient lui rendre hommage. Ensuite, le corps était transporté en dehors de la ville, car la ville était un espace réservé aux vivants. Il était alors placé sur un bûcher, avec des offrandes. Vous l’aurez compris, chez les Romains, on privilégiait la crémation

Les cendres sont récupérées dans des urnes puis enterrées, et on installe une stèle funéraire sur laquelle figure le nom du défunt. Elles reposent dans des nécropoles (lieux où sont regroupées les sépultures) situées au bord des routes. En revanche, les plus riches placent leurs cendres dans des mausolées aux dimensions impressionnantes. Et ce sont les classes sociales inférieures qui se font enterrer rapidement, sans trop de cérémonial. 

Ce n’est que plus tard (IIe, et IIIe siècle av. J.-C.) que le fait d’enterrer les morts sans incinération préalable se développe. Le corps est alors déposé dans des sarcophages.  

L’inhumation dans ce type de cercueil était réservée aux personnes les plus riches, car les matériaux utilisés étaient des matériaux nobles (notamment le marbre) et donc coûteux. Les parois et les couvercles sont souvent très ouvragés et finement sculptés. 

Vous pourrez observer dans de nombreux musées la splendeur de ces sarcophages, ainsi que les nombreux thèmes choisis pour les décorer. 

Empire du milieu

Le cercueil est utilisé en Chine depuis le Xème siècle, car il permet de préserver l’intégrité physique du corps du défunt. L’inhumation est alors préférée à la crémation. Une importance particulière est portée aux rites funéraires, car, selon la tradition, des obsèques qui se déroulent mal seraient source de malchance pour la famille.

De nos jours, l’État chinois encourage les crémations pour pallier le manque de place dans les cimetières. 

L’utilisation du cercueil

Hommage aux morts

L’utilisation du cercueil va venir modifier notre rapport à la mort. La dépouille n’est plus enterrée dans des fosses communes. Le corps, s’il est inhumé, repose dans un cercueil. Les proches du défunt peuvent lui rendre hommage au cimetière.

Le cercueil devient aussi un marqueur social. Dès le XIXe siècle, on observe que les cercueils des personnes pauvres sont fabriqués avec moins d’épaisseur, avec des bois tendres qui disparaissent plus rapidement

À l’inverse, les personnes d’une classe sociale plus aisée sont enterrées dans des cercueils aux essences de bois durs (chêne), avec un nombre supplémentaire de pans et des accessoires métalliques comme des poignées. On peut remarquer aussi que le capitonnage du cercueil est plus travaillé et que le cercueil se rapproche de l’idée d’un lit. Finalement, le cercueil devient un objet de consommation, modeste ou luxueux. 

Hygiène et santé

Nous l’avons vu précédemment, le cercueil est devenu indispensable pour éviter la propagation des maladies et des épidémies. L’inhumation devait être encadrée pour des raisons de salubrité. 

Aujourd’hui, de nouvelles méthodes pour être enterré voient le jour. Car, vous le verrez, l’utilisation du cercueil peut aussi avoir un impact sur la santé et sur la planète.

Bon à savoir

On assiste à un changement de paradigme. Jadis, le cercueil devait permettre de conserver le corps le mieux possible. Aujourd’hui, il est de plus en plus question de le faire disparaître le mieux possible.

Écologie

Notre monde fait face au changement climatique, à la perte de la biodiversité, à la pollution. La nécessité de trouver des solutions écologiques s’étend à de nombreux secteurs de notre société, et le secteur funéraire ne fait pas exception.

  • La fabrication de cercueil implique l’utilisation de matières premières. Les matériaux utilisés proviennent souvent de Chine : leur transport implique donc un bilan carbone conséquent
  • Enterrer un défunt implique une pollution des sols et des nappes phréatiques (des métaux lourds, des résidus de médicaments et des pesticides s’y retrouvent).

Face à ces enjeux actuels, le secteur funéraire sera certainement amené ces prochaines années à évoluer et à proposer des solutions nouvelles. 

Les cercueils écologiques commencent à se développer. Ils utilisent des matières biodégradables comme le carton, l’osier ou le bambou. Mais, pour que le cercueil évolue, il faudra aussi impulser un changement dans l’esprit de ceux qui l’achètent. Pendant des siècles, l’esthétique, le coût et les matériaux utilisés pour les sépultures définissent le rang et la classe sociale. C’était aussi une marque de l’amour, du respect et de l’estime qu’on porte aux défunts. 

D’autres modes de sépulture se développent, à l’instar de l’humusation. Pour l’heure, elle n’est pas autorisée en France, mais découvrons de quoi il s’agit. Le principe de l’humusation est que le corps retourne à la nature.

Le corps humain est transformé en humus (pendant 12 mois) par des micro-organismes présents dans le sol grâce à un compost composé de broyats de bois d’élagage.  Ce procédé, déjà testé aux États-Unis, nécessite des adaptations techniques et des formations pour les professionnels du secteur.

Une autre technique novatrice et écoresponsable se développera peut-être en France dans les prochaines années : l’aquamation. Le corps n’est pas dissous par l’effet du feu (comme lors d’une crémation), mais grâce à de l’eau et une solution alcaline. À la fin de ce procédé, les os sont broyés et rendus à la famille. 

Pour conclure

Que doit-il advenir de notre corps à notre mort ? Voilà une question intemporelle ! En Europe occidentale, l’utilisation du cercueil s’est démocratisée dès le XIXe siècle. Aujourd’hui, il en existe de tous types, y compris des cercueils qui répondent à une démarche écoresponsable. Si tel est votre choix, nous pouvons vous aider à choisir un cercueil grâce à notre article entièrement dédié à cette thématique.

Questions fréquemment posées
Qu'est-ce qu'un cercueil ?

Un cercueil est une boîte de forme généralement rectangulaire, conçue pour contenir un corps humain pour son enterrement ou sa crémation. Traditionnellement, il est fabriqué en bois, mais il peut également être fabriqué à partir d’autres matériaux comme le métal, le plastique ou la pierre.

Quand et où les premiers cercueils ont-ils été utilisés ?

Les premiers cercueils, qui ressemblaient plus à des sarcophages, datent de l’Égypte ancienne, il y a environ 5000 ans. Les Égyptiens les fabriquaient en pierre et les utilisaient pour enterrer les membres de la royauté et de la noblesse dans leurs pyramides et leurs tombeaux.

Comment l'utilisation des cercueils s'est-elle répandue ?

L’utilisation des cercueils s’est répandue à partir de l’Égypte ancienne et a été adoptée par d’autres cultures et civilisations, comme les Grecs et les Romains. Avec le temps, l’utilisation des cercueils s’est généralisée et a fini par être adoptée par presque toutes les cultures dans le monde, même si la forme, la taille et les matériaux utilisés varient d’une culture à l’autre.

Pourquoi les cercueils ont-ils une forme rectangulaire ?

Il n’y a pas de raison spécifique pour laquelle les cercueils ont une forme rectangulaire. C’est simplement une forme pratique pour contenir un corps humain. Dans certaines cultures, cependant, les cercueils peuvent avoir des formes plus personnalisées ou uniques.

Pourquoi certains cercueils sont-ils si ornés ?

Le degré d’ornementation d’un cercueil dépend généralement de la culture, des traditions et des moyens financiers de la personne décédée ou de sa famille. Dans certaines cultures, comme dans l’Égypte ancienne, les cercueils étaient extrêmement ornés pour honorer les morts et faciliter leur passage vers l’au-delà.

Comment les matériaux utilisés pour fabriquer les cercueils ont-ils évolué au fil du temps ?

Au départ, les cercueils étaient fabriqués en pierre ou en bois. Avec le temps et l’évolution des techniques de fabrication, d’autres matériaux comme le métal et le plastique ont commencé à être utilisés. Aujourd’hui, il existe même des cercueils biodégradables, fabriqués à partir de matériaux comme le carton ou le bambou, qui sont plus respectueux de l’environnement.

Qu'est-ce qu'un cercueil biodégradable ?

Un cercueil biodégradable est un type de cercueil fabriqué à partir de matériaux naturels qui se décomposent rapidement et n’ajoutent pas de polluants à la terre lorsqu’ils se décomposent. Ces cercueils sont souvent utilisés dans les enterrements « verts » ou éco-responsables.

Quelle est la différence entre un cercueil et un sarcophage ?

Un sarcophage est généralement plus grand et plus orné qu’un cercueil. Les sarcophages étaient souvent utilisés dans l’Antiquité pour enterrer les membres de la royauté ou de la noblesse et étaient généralement fabriqués en pierre. Un cercueil, en revanche, est généralement plus simple et fabriqué en bois ou en métal.

Quelles sont les alternatives aux cercueils traditionnels ?

Outre les cercueils biodégradables mentionnés précédemment, d’autres alternatives aux cercueils traditionnels comprennent l’urne funéraire (pour les cendres après la crémation), le linceul (un simple drap qui enveloppe le corps), ou même la « promession » – une méthode qui congèle et vibre le corps pour le réduire en poudre. L’aquamation et l’humusation sont deux autres techniques écologiquement responsables et en plein essor.

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Olivier Silberberg

Avec plusieurs centaines de contenus à son actif en tant que Rédacteur web pour Syntax Finance et Rédacteur en chef de Kondoléances, Olivier Silberberg est diplômé du Master de Commerce de l'ESC Pau. Il est également praticien en hypnose et se passionne pour les sciences humaines.

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