Thanatopraxie : les soins de conservation au défunt

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À ne pas confondre avec la toilette mortuaire, les soins de conservation (ou actes de thanatopraxie) visent avant tout à ralentir les phénomènes de décomposition naturelle des corps. Pour cela, plusieurs actes médicaux sont effectués et des produits chimiques sont utilisés.

Comment se passent les soins de conservation ? Pourquoi et comment en faire la demande ? Quelles étapes jalonnent les soins de conservation ? La réponse à toutes vos questions dans cet article.

Thanatopraxie : définition et réglementation

En quoi consiste la thanatopraxie ?

Les thanatopraxie (ou soins de conservation) vise à ralentir, et même à suspendre durant un temps limité, les processus de décomposition du corps de la personne décédée

En effet, lorsque le corps d’une personne décédée est laissé tel quel, il change et peut rapidement devenir méconnaissable. On parle de thanatomorphose

Pour éviter cela, on peut conserver le corps par le froid, ou par des actes de thanatopraxie. 

Ces soins de conservation consistent en diverses opérations invasives, en particulier l’évacuation des liquides physiologiques tels que le sang et l’injection de substances chimiques telles que le formol.

Comment faire une demande de soins de conservation ?

Pour pouvoir être prodigués, le plus souvent, les soins de conservation doivent être réclamés par les proches auprès des pompes funèbres. Une demande de soins indiquant le nom du thanatopracteur ainsi que les produits utilisés est alors envoyée à la mairie. Un certificat de décès doit être transmis. 

Il faut savoir que ces soins sont payants. Les tarifs sont variables, mais ils coûtent en moyenne dans les 400€. Le prix est fixé par le thanatopracteur lui-même, et le service ne peut pas être surfacturé par les pompes funèbres.

Pourquoi procéder à des soins de conservation ?

Le processus est minoritaire en France, mais il n’est pas rare. Un décès sur 4 nécessite la demande de soins de conservation dans notre pays.

Voici les cas de figure à envisager. 

Les cas de soins obligatoires

Il existe certaines situations où les soins de conservation sont obligatoires

  • C’est parfois le cas lorsque le corps doit être rapatrié par avion. Certaines compagnies aériennes et certains pays réclament en effet que des soins de conservation soient effectués pour transporter le corps. Vous trouverez ici la liste des pays qui exigent que des soins soient effectués avant d’accueillir un cadavre.
  • Depuis 2011, le corps doit subir ces soins lorsqu’il doit être déplacé sans cercueil plus de 48h après la mort.
  • Il faut également le faire si l’on souhaite que le corps soit placé dans un salon de présentation permanent au funérarium.

Les cas de soins facultatifs

Dans certaines situations, les soins de conservation ne sont pas obligatoires mais ils sont fortement recommandés :

  • C’est notamment le cas lorsque le corps reste à domicile jusqu’aux funérailles. Le corps restant à température ambiante, son état se dégrade alors rapidement.
  • Il est également conseillé de recourir à ce type de soin lorsque la personne a subi des traitements chimiques lourds avant la mort, notamment en cas de chimiothérapie. Les restes de produits ont en effet tendance à jaunir la peau ou à détériorer l’aspect du cadavre rapidement.
  • Enfin, lorsque la mise en bière est retardée, procéder à des soins de conservation permet de garder le corps en bon état avant l’enterrement. 
À noter

En cas de décès par infections transmissibles, notamment en cas de covid, les soins de conservation ne sont pas autorisés. Dans ce cas, le corps doit immédiatement être placé dans un cercueil hermétique.

Dans tous les cas, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Si des soins de conservation sont préférables, les services de pompes funèbres sauront vous informer en temps voulu.

Le déroulement des soins de conservation

Qui procède aux soins de conservation ?

Les soins de conservation doivent le plus souvent être effectués par un thanatopracteur professionnel.

Titulaire d’un diplôme reconnu par l’état suite à des études suivies après le baccalauréat, le thanatopracteur agit le plus souvent seul, mais il est employé par un service de pompes funèbres. En France, environ 50 thanatopracteurs sont ainsi formés chaque année. 

Notez qu’il est également possible pour un médecin d’effectuer ces soins.

Quand procéder aux soins de conservation ?

Il n’y a pas de délai légal pour recourir à la thanatopraxie. Mais la plupart du temps, les soins de conservation sont effectués dans les 48h qui suivent le décès. En effet, plus l’acte pourra être réalisé rapidement, mieux le corps pourra être conservé.

En cas d’autopsie ou de complications, on peut parfois procéder à ces soins de conservation plus tardivement.

Où sont faits les soins de conservation ?

Ces soins de conservation peuvent être effectués dans une chambre mortuaire, dans une chambre funéraire ou encore à domicile lorsque le décès y a eu lieu.

En cas de soin à domicile, la réglementation est particulièrement stricte depuis 2018.

Par exemple, la surface de la pièce doit être suffisamment grande, et le professionnel doit disposer d’un lit réglable en hauteur. La pièce doit être séparée du reste du logement, stérilisée et correctement aérée. 

Combien de temps durent les soins de conservation ?

Bien entendu, la durée peut parfois varier. Mais en moyenne il faut compter 90 minutes pour un service de thanatopraxie complet, allant de la préparation jusqu’à l’habillement.

Les étapes de la thanatopraxie

Voici comment se déroulent concrètement les actes de soins de conservation.

Attention

Certaines de ces étapes peuvent s’avérer douloureuses, d’autant plus si l’un de vos proches est décédé et que sa dépouille doit subir des soins de conservation. Il vous revient de vous écouter pour décider de poursuivre ou non la lecture de cette partie.

#1 Préparation

Avant toute chose, le thanatopracteur enfile une tenue stérile réglementaire et adaptée à la situation (blouse, charlotte…).

Ensuite, lorsque les soins sont effectués en chambre mortuaire ou dans un salon funéraire, il vérifie l’identité du défunt puis il lui met un bracelet indiquant son nom et son prénom.

Le corps du défunt est alors déshabillé puis posé sur une table conçue spécialement pour les opérations. En cas de soins de conservation à domicile, il faut au minimum disposer d’un lit réglable en hauteur.

Le thanatopracteur étudie alors le dossier, notamment pour savoir s’il faut enlever certains appareils ou si certaines volontés particulières doivent être respectées.

#2 Explantation

Dans le cas où certains appareils, notamment une prothèse ou un pacemaker, doivent être enlevés, le thanatopracteur commence par cette tâche. On parle alors d’explantation.

Pour savoir si une explantation doit être réalisée, le professionnel se basera notamment sur ce qui est indiqué dans le certificat de décès.

#3 Ponction

Ensuite, le praticien passe à ce que l’on appelle la ponction. Il s’agit ici d’extraire les fluides du corps, en particulier le sang, susceptibles de mal se conserver et d’accélérer la décomposition du corps.

Pour cela, une petite incision est faite, le plus souvent au niveau de la carotide ou de l’artère fémorale. A l’aide d’instruments spécialisés tels que le trocart, le thanatopracteur réalise une pression à l’intérieur des artères pour que le sang s’écoule.

#4 Injection

En parallèle, du formaldéhyde, plus communément appelé formol, est inséré dans les artères pour remplacer le sang. À la fin du processus, tout le sang est enlevé des veines et des artères, et le système de circulation est entièrement rempli de formol.

À noter

Le formol est une substance dangereuse et polluante. Particulièrement allergène, cette substance est également cancérigène. Ainsi de nombreuses précautions doivent être prises lors des injections.

Remplacer le sang par du formol est d’ailleurs souvent l’étape la plus longue du processus. Cela peut prendre jusqu’à une demi-heure.

Du formol est également inséré dans plusieurs organes qui sans cela libèreraient un gaz qui accélère le processus de décomposition du corps.

Selon les cas, d’autres substances peuvent être insérées dans le corps du défunt, dans les artères ou directement dans les organes.

Les matières organiques prélevées (sang, gaz et autres déchets) seront ensuite incinérées.

#5 Habillage et maquillage

Une fois que les soins de conservation sont effectués, le thanatopracteur fait en sorte que le corps soit présentable.

Pour cela, le professionnel commence par suturer les plaies qui ont été nécessaires à l’opération, puis à mettre des pansements discrets.

Ensuite, plusieurs opérations sont faites sur les orifices :

  • Un point de bouche est effectué pour éviter que la bouche ne s’ouvre avant la mise en bière.
  • Des lentilles spéciales sont placées pour que les yeux restent fermés.
  • Du coton est placé dans les autres orifices pour les obstruer. On parle ici de méchage.

Un travail de restauration est aussi parfois nécessaire si la mort a lieu dans des circonstances particulières.

Suite à une mort violente, en particulier à un accident, ou suite à un don d’organe, le thanatopracteur fait son possible pour que l’apparence du défunt soit la plus proche possible de ce qu’elle était avant sa mort.

Injection de cire, de silicone, points de suture… Les techniques utilisées pour y parvenir sont nombreuses.

Enfin, une crème est souvent appliquée sur le visage du défunt afin que la peau ne se déshydrate pas trop rapidement.

#6 Toilette mortuaire

Les opérations de soins de conservation à proprement parler sont alors terminées. Il est temps de procéder à la toilette mortuaire.


Le thanatopracteur doit d’abord procéder à l’habillement du défunt avec une tenue choisie par la famille en amont.

Le défunt peut aussi être coiffé et rasé si besoin.

Le visage est le plus souvent maquillé. Ici, le thanatopracteur peut suivre certaines consignes données par la famille. Mais le plus souvent, un maquillage neutre est appliqué.

Il s’agit avant tout de redonner des couleurs aux joues et aux lèvres pour redonner au visage un aspect plus naturel. L’effet recherché le plus souvent est de donner un air apaisé et reposé au défunt.

Bien entendu, les soins de conservation sont étudiés afin que plus rien ne soit visible après l’habillement et le maquillage.

#7 Mise en salon

Une fois que le corps est prêt, on procède à la mise en salon. Dans un salon funéraire ou à domicile, le corps est placé sur une table afin d’être présenté aux proches et aux visiteurs. Le corps reste sur cette table de présentation jusqu’à la mise en bière.

Thanatopraxie : quelles alternatives ?

Les soins de conservation ne sont donc pas obligatoires. Ils sont même minoritaires en France. Seules 25% des personnes subissent des actes de thanatopraxie avant d’être enterrées dans notre pays.

Thanatopraxie et religion

Plusieurs religions ne tolèrent pas ces pratiques. C’est le cas notamment de l’Islam, du judaisme et de l’hindouisme. Pour ces religions, des toilettes mortuaires spéciales sont généralement effectuées.

Dans cette situation, tout est généralement fait pour éviter aux défunts issus de ces confessions de devoir subir des actes de conservation. Malheureusement parfois, en cas de rapatriement d’un corps, les soins de conservation restent obligatoires.

Carboglace

Pour éviter les soins de conservation, on peut notamment avoir recours à une méthode dite de carboglace. Il s’agit de mettre le corps en contact avec de la glace carbonique. Cette matière très froide (–78°) permet au corps d’être protégé pendant une période d’environ 24h. Le processus peut donc être renouvelé avant la mise en bière.

Équipement réfrigérant

Le plus souvent néanmoins, le corps est placé dans une cellule ou sur une table réfrigérée :

  • Une cellule réfrigérée est une structure où la température est maintenue entre 5 et 7 degrés afin de limiter la prolifération de bactéries. C’est le dispositif que l’on rencontre le plus souvent en chambre mortuaire.
  • Une table réfrigérée est un matériel roulant et mobile visant les mêmes fins que la cellule réfrigérée. C’est le dispositif que l’on rencontre le plus souvent en chambre funéraire.

Les températures ne sont donc pas aussi basses que pour une méthode carboglace, mais ce système permet au corps de rester dans un état décent jusqu’à la mise en bière dans une majorité de situations.

Le système de la cellule ou de la table réfrigérée sont les plus courants dans les salons funéraires et les chambres mortuaires.

Pour conclure

Relativement peu répandus, les soins de conservation ou services de thanatopraxie ne sont généralement ni obligatoires, ni recommandés. Ces actes sont avant tout à envisager lorsque le corps reste à domicile jusqu’au funérailles, ou lorsqu’il doit être rapatrié en avion.

Les soins de conservation demandent à la fois de la technique et du savoir-faire. Ils sont toujours réalisés par des professionnels correctement formés.

Questions fréquemment posées
Qu'est-ce que la thanatopraxie ?

La thanatopraxie est une pratique funéraire consistant à préserver et à présenter le corps d’un défunt dans un état esthétique et hygiénique pour les obsèques.

Quels sont les objectifs de la thanatopraxie ?

Les objectifs de la thanatopraxie sont de retarder la décomposition du corps, de redonner une apparence naturelle au défunt, d’assurer une présentation digne lors des funérailles et de préserver l’hygiène publique.

Quelles sont les étapes du processus de thanatopraxie ?

Le processus de thanatopraxie comprend plusieurs étapes, telles que l’asepsie, la désinfection, l’habillage du corps, la reconstruction des parties endommagées, la conservation des tissus, la reconstitution du visage et la mise en bière.

Quelle est la différence entre la thanatopraxie et l'embaumement ?

La thanatopraxie et l’embaumement désignent la même pratique funéraire.

Quelles sont les qualifications requises pour devenir thanatopracteur ?

Les qualifications requises pour devenir thanatopracteur varient selon les pays, mais en général, il faut suivre une formation spécifique dans une école agréée de thanatopraxie. Certains pays exigent également l’obtention d’un diplôme de niveau supérieur dans le domaine médical ou paramédical.

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Olivier Silberberg

Avec plusieurs centaines de contenus à son actif en tant que Rédacteur web pour Syntax Finance et Rédacteur en chef de Kondoléances, Olivier Silberberg est diplômé du Master de Commerce de l'ESC Pau. Il est également praticien en hypnose et se passionne pour les sciences humaines.

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