Enterrement bouddhiste : l’âme au premier plan

Le bouddhisme est une religion dont les branches peuvent grandement varier selon les pays et les traditions, mais il existe certaines règles immuables, y compris en ce qui concerne les funérailles. La question est importante en France, où le nombre de bouddhiste s’élève à environ 600 000. Dans tous les cas, l’âme et la notion de karma sont au premier plan, et le corps ne revêt qu’une importance secondaire.
Comment le deuil est-il appréhendé dans le bouddhisme ? Quels sont les rites les plus communément pratiqués et quels sont les types de funérailles à envisager, en particulier en France ? On étudie tout cela ensemble.
Comprendre le bouddhisme et le deuil
Le concept de mort dans le bouddhisme
Pour mieux appréhender le déroulement des funérailles dans la religion bouddhiste, il est avant tout important de comprendre comment la mort est perçue dans cette religion.
Pour les bouddhistes, ce qui prime avant tout est l’âme, et la notion de karma. Selon les courants, les croyances peuvent grandement varier mais une chose est certaine : l’important pour un bouddhiste est ce qui adviendra de son âme après la mort.
La mort n’est pas vue comme une fin en soi. Elle est plutôt perçue comme un départ de l’âme vers un autre corps dans le cas de la réincarnation, ou bien encore vers le nirvana, ou « éveil ». En effet, comme vous le savez peut-être, la religion bouddhiste part du principe que les âmes se réincarnent et poursuivent leur chemin en s’incarnant différemment après chaque décès.
Selon le comportement que l’âme a eu dans cette vie, sa destination varie. C’est ce que l’on appelle le karma. Une existence sage et bienveillante permet à l’âme d’intégrer une nouvelle vie agréable, ou même d’accéder au nirvana. Une existence indigne conduit au contraire à une nouvelle existence moins noble et difficile.
Ainsi, le corps n’est perçu que comme une brève enveloppe qui aura accueilli l’âme durant un temps limité. Il ne possède aucun caractère sacré.
L’importance de la présence des proches
Dans toutes les religions, la présence des proches est extrêmement importante lors des funérailles… Mais pour les bouddhistes, ce point est légèrement différent. Il est surtout important que les proches soient présents juste avant la mort.
En effet, les dernières pensées et les derniers actes d’un mourant conditionnent énormément ce qu’il advient de son âme après la mort. Il est donc essentiel que les proches soient présents pour accompagner le défunt dans cette étape cruciale.
Pour bien l’accompagner, la lecture des textes religieux comme le livre des morts peut aider à purifier l’âme avant son départ. Mais il est surtout nécessaire de cultiver une atmosphère de calme et de recueillement. La quiétude est essentielle. Exprimer sa douleur en pleurant est à éviter autant que possible.
Les rites funéraires bouddhistes
Pamsukûlaya
Dans la religion bouddhiste, plus particulièrement dans la tradition Theravada, un rite funéraire porte le nom de pamsukûlaya. Ce nom vient du fait que la famille du défunt doit offrir une étoffe à la communauté monastique. Cette étoffe, qui est placée sur le cercueil, se nomme en effet pamsukûlaya.
D’autres offrandes, par exemple des fleurs ou des fruits, sont faites aux moines durant la cérémonie.
Le pamsukûlaya se déroule souvent l’après-midi.
Toilette et préparation du corps
La toilette et la préparation du corps sont souvent importantes, mais les rites effectués dépendent beaucoup de l’école bouddhiste et du pays d’origine (Inde, Japon, Chine, Tibet…).
Parfois, le corps doit être baigné. Selon d’autres traditions, des pièces d’argent ou encore une feuille de bétel doivent être placées dans la bouche du défunt.
La religion bouddhiste autorise les soins de thanatopraxie ainsi que le don d’organes.
Position du corps du défunt
Lorsque le défunt rend son dernier souffle, il est aussi recommandé dans la religion boudhiste de placer son corps dans une position particulière : la position qu’avait le Bouddha à sa mort.
Il s’agit d’être couché sur le côté droit, la main droite sous la joue et la main gauche sur la cuisse gauche. Idéalement, le défunt doit garder cette position pendant plusieurs jours.
Mise en bière
Le plus souvent, les personnes bouddhistes décident d’être incinérées. Mais une mise en bière doit, cependant, toujours avoir lieu en France.
Pour la mise en bière bouddhiste, le cercueil est généralement très simple. Le corps est placé dans la position de Bouddha, ou lion couché, évoquée plus haut. Le corps est placé sur le côté droit, la main droite sous le visage, et la main gauche sur la cuisse gauche.
Idéalement, un moine doit être présent lors de la mise en bière.
Lectures et chants
Durant la cérémonie, des prières à Bouddha et des références aux cinq préceptes sont récités. Les moines chantent des chants sacrés.
Un sermon qui traite de l’impermanence est également prononcé. L’impermanence renvoie au fait que cette enveloppe mortelle n’était qu’une demeure transitoire. Il ne faut donc pas s’attrister de la mort, qui n’est finalement qu’une dégradation matérielle. La mort n’atteint pas la réalité ultime des choses.
Enfin, des éloges funèbres peuvent être faits.
Transfert des mérites
Un autre rite est souvent pratiqué : le transfert des mérites.
Comme son nom l’indique, il s’agit de transférer ses bonnes actions à l’âme du défunt en vue de lui assurer une réincarnation supérieure. Souvenez-vous, la renaissance de l’âme selon le karma est la croyance la plus centrale lors des obsèques bouddhistes.
Afin que le défunt bénéficie des bonnes actions de l’assistance, un transfert symbolique est effectué. Il peut par exemple s’agir de transvaser de l’eau d’un récipient à un autre.
Durant toute la cérémonie, la sérénité et la tranquillité restent de mise, les pleurs étant à éviter.
Rituels post inhumation
Enfin, il est à noter qu’après l’enterrement ou la crémation, de nombreuses écoles bouddhistes préconisent certains rituels quelque temps après les funérailles :
- Tout d’abord durant 49 jours (le temps que la réincarnation soit accomplie) les bouddhistes effectuent certains rituels tous les sept jours. Au 49e jour, les pujas, ou rites de vénération, sont célébrés.
- Certaines traditions bouddhistes effectuent un grand rituel le 100e jour qui suit le décès.
Les types de funérailles bouddhistes
Passons maintenant aux différents types de funérailles possibles pour les bouddhistes. Il est intéressant de noter, pour commencer, que les religieux n’accompagnent généralement pas le corps vers le lieu d’inhumation ou de crémation. Seuls la famille et les proches assistent à l’événement, même si des prières sont possibles.
Après l’enterrement ou la crémation, les proches peuvent se rendre une nouvelle fois à la pagode ou au temple afin de se recueillir une dernière fois.
Crémation
La grande majorité des bouddhistes décide de se faire incinérer, même si ce n’est pas une obligation.
Cela s’explique par deux raisons :
- Tout d’abord, le Bouddha lui-même a été incinéré.
- Ensuite, le feu renvoie symboliquement à la purification ultime du défunt.
Dans les pays asiatiques, notamment en Inde, les corps sont incinérés sans cercueil, et les proches assistent à l’embrasement. La législation française n’autorise pas ce genre de crémation sans cercueil… Mais l’assistance peut néanmoins généralement assister à l’entrée du cercueil dans le four crématoire via un écran interposé.
Après l’incinération, une urne contenant les cendres du défunt est remise à la famille. Ces cendres peuvent ensuite être dispersées au jardin des souvenirs ou dans la nature, ou bien encore placées dans un columbarium.
En Asie, les cendres sont parfois entreposées dans les Pagodes ou les temples. En France, cela n’est pas autorisé durant plus d’une année.
Inhumation (enterrement)
Comme nous le disions, les enterrements sont rares dans la tradition bouddhiste, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils ne sont pas interdits.
Si le défunt souhaitait être inhumé, le cercueil doit être particulièrement sobre, et le corps doit être placé dans la position du Bouddha allongé.
En revanche, il peut être surprenant de noter que la sépulture est le plus souvent imposante et colorée (flamboyante).
Tenue vestimentaire
Étudions pour terminer la tenue vestimentaire de rigueur lors de funérailles bouddhistes, en gardant en tête que l’aspect matériel des choses passe toujours au second plan. Selon les traditions, les tenues peuvent varier, mais dans tous les cas, une tenue simple et sobre est généralement arborée.
Famille
Le plus souvent, la famille du défunt doit porter des vêtements de couleur blanche.
Assemblée
L’assemblée, au contraire, doit le plus souvent porter des habits de couleur noire.
Moines
Les moines ne sont généralement pas présents lors de la crémation ou de l’enterrement. Durant la cérémonie, ils portent un habit de moine bouddhiste traditionnel, comme le kesa orange.
Avec environ 600 000 pratiquants en France, la religion bouddhiste est aujourd’hui bien implantée sur le territoire. Selon les traditions, les rites observés peuvent énormément varier, mais la plupart du temps la législation française et la religion bouddhiste sont assez compatibles.
Suite à un décès, il faut rapidement prendre contact avec le monastère ou la pagode dans lequel le défunt avait l’habitude de se recueillir, ainsi qu’avec un service de pompes funèbres. Ils pourront travailler main dans la main pour vous permettre d’organiser des obsèques adaptées.

Olivier Silberberg
Avec plusieurs centaines de contenus à son actif en tant que Rédacteur web pour Syntax Finance et Rédacteur en chef de Kondoléances, Olivier Silberberg est diplômé du Master de Commerce de l'ESC Pau. Il est également praticien en hypnose et se passionne pour les sciences humaines.
Des articles pour aller plus loin

Enterrement juif : un deuil dans l’humilité
Fort en symbolique, l’enterrement juif propose de porter le deuil de l’être cher dans la sobriété. Voici ses codes et les étapes qui le jalonnent.

Enterrement civil : personnaliser l’hommage au défunt
Si certains optent pour un enterrement religieux, il est aussi possible de préférer des obsèques civiles afin de personnaliser l’hommage au défunt.

Enterrement catholique : un dernier hommage symbolique au défunt
Les codes et étapes d’un enterrement catholique vous sont étrangers ? Voici tout ce que vous devez savoir pour rendre un bel hommage religieux au défunt.