Enterrement juif : un deuil dans l’humilité

Principalement axé autour du respect du défunt et de la sobriété, l’enterrement juif suit un processus très codifié, où les proches endeuillés suivent de nombreux rites. Avant, pendant et après l’enterrement, tout un cérémonial bien précis s’articule autour du défunt. Ici, la mort du défunt n’est pas le symbole d’une fin, mais plutôt celui d’un retour à la poussière, pour un repos auprès du Dieu éternel.
Qui contacter après le décès ? Quelles sont les étapes d’un enterrement juif ? Qu’entend-on exactement par sobriété ? On analyse en détail tout ce qu’il faut savoir sur les enterrements juifs.

- L’enterrement juif est basé sur le respect du défunt et la sobriété, avec de nombreux rites à suivre.
- Les obsèques doivent être préparées dans les plus brefs délais et idéalement, l’enterrement doit se faire dans les trois jours suivant le décès.
- Il faut contacter rapidement deux instances : l’Hevra Kadicha, qui organise l’inhumation dans le rituel juif, et les pompes funèbres, qui s’occupent de l’organisation pratique et administrative des obsèques.
- Les 11 étapes de l’enterrement juif sont précisément balisées avant, pendant et après l’enterrement.
- Avant l’enterrement, il est interdit de toucher la personne décédée, sauf pour fermer les yeux et la bouche, et les bras doivent être étendus le long du corps. Le corps et tous les miroirs de la salle doivent être recouverts et une bougie ou une veilleuse allumée près du visage du défunt.
- En attendant l’enterrement, une veillée est organisée, où la Hevra Kadicha veille sur le défunt en chantant des Psaumes.
- Pendant l’enterrement, aucune cérémonie n’a lieu, mais il y a le rite de la déchirure, qui symbolise la rupture causée par la mort. Après l’enterrement, il y a une période de deuil de sept jours appelée Shiva.
Qui contacter après le décès ?
Dans la religion juive, les obsèques doivent avoir lieu dans les plus brefs délais. Dans l’idéal, l’enterrement doit se faire dans les trois jours qui suivent le décès. Pour cela, il y a deux instances à contacter rapidement.
Hevra Kadicha
Suite au décès d’une personne de confession juive, il faut avant tout contacter une Hevra Kadicha qui officie près de chez soi.

« Hevra Kadicha » est une expression araméenne qui signifie « Sainte Assemblée ».
La Hevra Kadicha désigne les personnes qui officient dans la préparation et l’organisation de l’inhumation dans le rituel juif. Ce groupe d’hommes et de femmes accompagne les proches endeuillés et les aide à préparer l’inhumation en suivant les préceptes religieux.
Pompes funèbres
La Hevra Kadicha s’occupe d’organiser les funérailles d’un point de vue religieux, mais il faut néanmoins impérativement contacter les pompes funèbres, qui se chargeront d’organiser les obsèques d’un point de vue plus pragmatique et administratif.
Enterrement juif : les 11 étapes
Comme nous le disions, un enterrement juif suit un déroulement bien précis. Avant l’enterrement, pendant l’enterrement et après l’enterrement, les différentes étapes à suivre respectent une étiquette bien précise.
Avant l’enterrement juif
#1 Juste après le décès
Au moment du décès, il est globalement interdit de toucher la personne. Mais lorsque le défunt a rendu son dernier souffle, un proche, généralement le fils aîné, peut le toucher afin de lui fermer les yeux et la bouche.
Une fois ce premier rite effectué, les bras doivent être étendus le long du corps, en gardant les mains ouvertes. Ensuite, on recouvre le corps ainsi que tous les miroirs de la salle d’un drap et de linges.
Enfin, on allume une bougie ou une veilleuse près du visage de la personne décédée.
#2 Toilette rituelle
Pour pouvoir accéder à l’au-delà, on procède ensuite à la purification du corps du défunt. Pour cela, il faut réaliser une toilette rituelle nommée Tahara. Cette toilette, pratiquée en silence ou en prière dans une salle isolée, permet de libérer l’âme du corps.
C’est la Hevra Kadisha qui se charge de la Tahara. Concrètement, il faut simplement déshabiller le corps, puis le débarrasser des impuretés en le trempant dans un bain nommé mikvé.
Ensuite, on place le corps dans un linceul blanc nommé Takhrikhim.
Si le défunt était un homme, ce sont des hommes qui doivent faire la toilette. Si le défunt était une femme, ce sont des femmes qui doivent mener la Tahara.
#3 Mise en bière
Une fois le corps placé dans le Takhrikhim, on procède à la mise en bière.
On dépose le corps sur une couche de paille, allongé sur le dos. Lorsque cela est possible, on répand également un peu de terre d’Israël sur le corps. Il est désormais interdit à quiconque de toucher ou d’embrasser le défunt.
#4 Veillée
Il est important de noter qu’il n’y a pas de cérémonies d’obsèques comme on en rencontre par exemple dans les enterrements civils.
Dans la religion juive, en attendant l’enterrement, une veillée a souvent lieu. C’est la Hevra Kadicha qui se charge de l’organiser et de veiller sur le défunt en chantant des Psaumes.
Pendant l’enterrement juif

#5 Le rite de la déchirure
Ainsi, aucune cérémonie préalable n’a lieu, ni à la synagogue, ni dans une salle du funérarium. La cérémonie a lieu au cimetière, au moment de l’enterrement.
L’enterrement doit se faire dans un cimetière juif ou dans le carré juif d’un cimetière multiconfessionnel. Malheureusement, ces espaces ne sont pas nombreux en France… Ainsi de nombreuses familles juives décident d’enterrer leurs morts en Israël.
Dans le cimetière, on procède à un rite primordial : le rite de la déchirure. Durant le rite de la déchirure, les sept parents les plus proches du défunt appelés « onens » déchirent leurs vêtements au niveau de la poitrine, près du cœur. Cela symbolise l’attachement des proches pour le défunt, ainsi que la douleur de la séparation.
#6 La mise en terre
Ensuite, on place le cercueil dans la tombe, et le rabbin prononce un éloge funèbre. Durant l’enterrement, un proche prononce une variante du Kaddish, qui est l’une des prières centrales de la religion hébraique.
Après l’enterrement
#7 Dans les heures qui suivent l’enterrement
Une fois le cercueil placé dans la tombe, l’assistance doit se laver les mains sans les essuyer. Ce rite symbolise le contact durable avec le défunt.
Ensuite, chacun prend son repas en commun. Durant ce repas, on partage de nombreux aliments ronds tels que des œufs, des lentilles ou encore des olives. Ce symbole renvoie au cycle de l’existence et au fait que la vie doit reprendre le dessus.
Durant le repas, il est coutume de servir du vin casher et de réciter des formules de consolation.
#8 Dans la semaine qui suit (Chive’a)
Dans la religion juive, les rites durent une année après l’enterrement pour les Onen.
La première semaine de deuil, nommée Chive’a, est particulièrement importante. Dans la maison, une veilleuse reste constamment allumée, et des linges blancs viennent recouvrir tous les miroirs.
Durant cette période, il est interdit de :
- Travailler ;
- Faire l’amour ;
- Sortir de la maison, hormis pour aller à la synagogue ;
- Se laver ;
- Porter du cuir et laver ses vêtements ;
- Se raser et se couper les cheveux ;
- Étudier la Torah.
#9 Dans le mois qui suit (Chlochim)
Le mois qui suit l’enterrement se nomme Chlochim. Durant ce mois, certaines interdictions subsistent même si les règles deviennent moins strictes.
Il est désormais autorisé de se laver et de laver ses vêtements, de porter du cuir, de sortir de la maison, d’étudier la Torah, de travailler ou encore d’avoir des relations conjugales.
Il est néanmoins interdit de :
- se marier ;
- acheter de nouveaux vêtements ;
- se raser ;
- se couper les cheveux ;
- faire preuve de trop d’enthousiasme ou de gaieté.
#10 Dans l’année qui suit (Shana)
Pour les Onen, l’année qui suit l’enterrement reste très importante. On appelle cette période Shana.
Durant la Shana, les Onen doivent se rendre matin et soir à la synagogue pour prier pour le défunt et réciter le kaddish.
#11 Après la période de deuil
Bien entendu, le défunt reste dans les mémoires même après le Shana. À chaque anniversaire de la mort du défunt, les proches se rassemblent et récitent des prières en son honneur. On insiste aussi sur le fait que l’on se rejoindra tous prochainement.
Enterrement juif : l’importance de la sobriété

Lors d’un enterrement juif, la vertu essentielle à cultiver est sans aucun doute la sobriété. Respect du corps et de l’âme du défunt, organisation de la cérémonie ou même choix du cercueil… L’accent est toujours mis sur la simplicité et le dépouillement.
Comportement
Le comportement de l’assistance doit ainsi indiquer le respect au défunt par sa sobriété.
Pour cela, plusieurs règles, tacites ou explicites sont à respecter :
- En ce qui concerne le corps du défunt, le respect s’affiche en suivant plusieurs règles. Les soins de conservation du corps (ou thanatopraxie) sont interdits, tout comme la crémation. Le don d’organes n’est permis que dans la mesure où il permet de sauver littéralement une vie humaine.
- L’assistance doit également suivre un comportement exemplaire. Les hommes de l’assistance doivent tous porter une kippa, y compris les personnes non croyantes.
- Les enfants ne sont généralement pas admis aux enterrements juifs afin d’éviter les débordements émotionnels et les comportements inappropriés.
- Il est interdit de déposer des fleurs sur la tombe ou dans le cercueil. Traditionnellement dans la religion juive, on dépose une pierre sur la tombe.
- Enfin, les enterrements ne sont pas autorisés le samedi, jour de shabbat.
Cercueil
Le cercueil, tout comme la tombe, doit être dénué de tout ornement superflu. Traditionnellement, on porte ce dernier sur l’épaule avant la mise en terre.
Code vestimentaire
En ce qui concerne la tenue, celle-ci doit bien évidemment être sobre. Les couleurs doivent être sombres et les vêtements ne doivent comporter aucune décoration. Les signes extérieurs de richesse tels que les bijoux ou les vêtements de luxe sont à éviter également.
Enfin comme nous le disions, les hommes de l’assemblée doivent tous porter une kippa en signe de respect.

Placé sous le signe du respect et de la sobriété, l’enterrement juif suit un processus extrêmement rigoureux et précis qui se déroule en plusieurs étapes. Pour vous accompagner dans cette démarche difficile, vous pouvez faire confiance à la Hevra Kadicha, au rabbin, ainsi qu’aux services de pompes funèbres qui officient près de chez vous.
Les étapes d’un enterrement juif comprennent notamment :
- la mise en bière
- la toilette rituelle
- l’habillage
- la veillée funèbre
- la cérémonie religieuse
- l’enterrement
- la shiva
L’enterrement juif a lieu le plus tôt possible après le décès, généralement dans les 24 à 72 heures suivant le décès.
Le corps du défunt doit être enterré le plus tôt possible car selon la tradition juive, le corps doit retourner à la terre aussi rapidement que possible.
Le défunt est habillé dans des vêtements simples, blancs et en lin, qui symbolisent l’humilité.
Toute personne est la bienvenue pour assister à un enterrement juif, mais il est important de respecter les coutumes et les traditions juives.
La cérémonie religieuse lors d’un enterrement juif est dirigée par un rabbin et comprend des prières, des lectures de la Torah et des psaumes, ainsi que des discours et des hommages.
La toilette rituelle est importante car elle prépare le corps du défunt pour l’enterrement et le purifie selon les traditions juives.
La shiva est une période de sept jours de deuil qui suit l’enterrement juif et pendant laquelle la famille du défunt reçoit des condoléances et observe des pratiques de deuil.
Les pratiques de deuil observées lors de la shiva comprennent :
- le port de vêtements déchirés
- l’abstention de se laver ou de se raser
- la récitation de prières et de psaumes

Olivier Silberberg
Avec plusieurs centaines de contenus à son actif en tant que Rédacteur web pour Syntax Finance et Rédacteur en chef de Kondoléances, Olivier Silberberg est diplômé du Master de Commerce de l'ESC Pau. Il est également praticien en hypnose et se passionne pour les sciences humaines.
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